La tristesse qui accompagne le passage de notre Pir témoigne de la profondeur et de l’étendue de sa signification dans nos vies. Les larmes et les soupirs sont l’expression naturelle d’un coeur sensible. Et même si nous pleurons la perte de sa présence physique, puissions-nous trouver la clarté intérieure et la force de nous souvenir de l’essence de son enseignement : l’âme est immortelle et son essence même est la joie. C’est la mort qui meurt ; la vie vit continuellement. La signature de l’esprit inimitable de notre Pir bien aimé est gravée dans le ciel étoilé.
Dans la solidarité d’amour. Zia Inayat-Khan
Le soufisme selon l’enseignement de Hazrat Inayat Khan
“Si quelqu’un demande ce qu’est le Soufisme, quelle sorte de religion c’est, la réponse est: le Soufisme est la religion du coeur, la religion dans laquelle l’importance première est mise sur la quête de Dieu dans le coeur de l’être humain.”
Qu’est-ce que le Soufisme?
Définir le Soufisme n’est pas simple car il ne s’agit pas d’une religion distincte, ni d’une doctrine. Il ne demande pas une appartenance à un dogme prescrit ou un rituel et il est ouvert à toutes races et toutes les croyances.
Son existence se retrouve à travers toutes les cultures et les siècles.
Le Soufisme est une façon de voir le monde. Il met l’importance sur l’actualisation de ses idéaux les plus hauts dans la pratique quotidienne. C’est une voie pour l’humanité de s’éveiller à l’abondance de la vie d’une manière individuelle ou collective, dans tous les domaines.
Nul ne peut dire où et quand nacquit le Soufisme. A différentes époques, de grands maîtres soufis ont créé des écoles de sagesse, choisissant pour enseigner diverses méthodes adaptées au milieu et aux circonstances. Leur compréhension de la vie était cependant la même, et leur idéal était toujours de tendre vers cette perfection qu’enseigna le Christ: “Soyez parfaits comme votre Père dans les cieux “.
Quand au mot “Soufi”, plusieurs origines sont probables: soit du grec “sophia” signifiant la sagesse, soit du terme “saf” signifiant pureté ou même du persan “souf” désignant le vêtement de laine porté par les ascètes à cette époque.
C’est surtout en Perse que fleurissaient les écoles soufies, et il n’est donc pas surprenant de trouver dans leurs enseignements des traces parfois importantes des grandes traditions ésotériques de l’Egypte, de la religion zoroastrienne, de la Grèce et même des Indes, autour d’un noyau islamique.
Hazrat Inayat Khan naquit à Baroda en Inde en 1882 dans une famille de musiciens célèbres. Il commença lui-même très jeune une carrière musicale de virtuose, comme compositeur, chanteur et joueur de vina, qui l’amena à voyager dans tout le pays. Durant sa jeunesse, il rencontra de nombreux philosophes et mystiques de son pays.
Bien qu’une grande carrière musicale soit tracée pour Inayat Khan, il choisit un autre chemin: sa rencontre avec Abu Hashim Madani, un grand maître soufi de la tradition des Chistiya (ordre soufi indien fondé au 12ème siècle par Khwaja Moïn-ud-Din Chishti), qui l’initia au soufisme en 1904 à Heyderabad et lui enseigna la mystique islamique, l’enseignement de l’unité.
Juste avant sa mort, Cheikh Hazrat Sayyid Abu Hashim Madani le désigna comme son successeur dans la lignée des Chishti et lui donna comme mission “d’harmoniser” l’Orient et l’Occident par sa musique et d’enseigner le message du soufisme en Occident.
Ainsi Hazrat Inayat Khan quitta l’Inde en 1910; il voyagea de façon extensive dans le monde occidental. Ses tournées musicales l’amenèrent dans les grandes salles de concert des Etats-Unis et de l’Europe où son interprétration de la musique indienne fut hautement appréciée.
Il n’était pas seulement un grand musicien, mais un soufi, pratiquant et vivant une vie de méditation et de prière. Il enseigna à de nombreux disciples. Il mourut à New Delhi en Inde le 5 février 1927.
Pir-o-Murshid Inayat Khan toucha les êtres par sa présence, son rayonnement personnel, son amour et sa tolérance. Il expliqua la reconnaissance par l’Islam de tous les prophètes et les écritures saintes; il enseigna les Occidentaux qui désiraient suivre une voie spirituelle, et utilisa des termes compréhensibles et sans dogme. Son message contenait sa propre expérience mystique qu’il transmit lors de ses nombreuses conférences. Il lui tenait à coeur d’éveiller les êtres à l’Unité, de favoriser leur développement et leur épanouissement dans la vie ainsi que la compréhension entre les religions.
“Au moment où je quitterai cette terre, ce n’est pas le nombre de mes adhérents qui me rendra fier: c’est la pensée que j’ai transmis Son Message à quelques âmes qui me consolera, et c’est le sentiment que cela les a aidé dans leur vie qui m’apportera satisfaction. “
Hazrat Inayat Khan
Hazrat Cheikh Sayyid Abu Hashim Madani appartenait à une influente famille d’artistrocrates arabes. Il était un grand théologue et un fin connaisseur de la littérature soufie et de la métaphysique. Il habitait avec sa famille dans une maison accueillante où les cérémonies du Zikhr avaient lieu le soir.
Hazrat Abu Hashim Madani était un disciple et successeur de Sayyid Muhammad Hasan Jili Kalimi, un Pir (Ancien) de la lignée (Silsila) des Chistiyya.
Avant sa mort, il désigna Inayat Khan comme son successeur et lui donna la mission d’harmoniser l’Occident et l’Orient par sa musique.
Pir Vilayat Inayat Khan est le fils aîné et le successeur de Pir-o-Murshid Inayat Khan. Il est né à Londres en 1916. En tant que fils d’une Américaine et d’un Indien, il portait en lui l’unité des mondes de l’Orient et de l’Occident. Il connaissait bien la façon de penser des Occidentaux étant donné qu’il a grandi dans notre culture. Grâce à la présence de son père, il s’est imprégné de l’essence de la sagesse orientale.
Il étudia la philosphie, la pyschologie, les mathématiques, le droit et la musique; il travailla comme secrétaire de l’Ambassadeur pakistanais et s’engagea durant la 2ème guerre mondiale comme officier dans la marine britannique.
Pir Vilayat vécut en ermite dans les cavernes des Himalaya, parmi les soufis à Ajmer (le site de l’ordre soufi des Chishti en Inde); il vécut aussi en retraitant aux monastères de Montserrat en Espagne (moines bénédictins), au Mont Athos (moines chrétiens orthodoxes) et auprès des bouddhistes notamment en face de l’arbre Bodhi à Bodh-Gayâ.
En 1956, il prit la direction de l’ordre soufi.
Durant de nombreuses années, il enseigna la méditation en Europe et aux Etats-Unis et transmit sa propre expérience. L’accent était mis sur la créativité et la découverte du Divin dans l’être humain.
Pir Vilayat faisait référence à l’enseignement de son pèe Hazrat Inayat Khan et des anciens soufis. En plus, il rendit accessible les expériences des mystiques des différentes religions du monde. Il poursuivit l’enseignement de son pèe qui peut s’apparenter à la tradition des grands contemplatifs de toutes les religions pour qui la Vérité est Une. Pir Vilayat continua la voie tracée par son père: éveiller les facultés dormantes et aider à déployer les qualités qui gisent au plus profond de notre psychée en encourageant notre créativité.
En sa présence, les chercheurs furent emmenés dans un processus d’approfondissement qui les accompagne et les inspire dans leur recherche du but de leur vie. L’ouverture du coeur, l’inspiration, l’enthousiasme pour le Sacré, aussi exprimés dans la musique, sa grande sagesse et son immense connaissance, tous ces éléments nous ont été transmis par ce grand maître d’amour et de dévotion.
Le 5 février 2000 son fils Zia Inayat Khan a été désigné comme son successeur.
Pir Vilayat a quitté ce monde le 17 juin 2004.
“La semence de la foi s’épanouit dans la confiance,
grandit par l’expérience, fleurit dans la réalisation
et porte des fruits dans le service.”
Zia Inayat Khan
Pir Zia Inayat Khan est le fils et le successeur de Pir Vilayat Inayat Khan et le petit-fils d’Hazrat Inayat Khan.
Le message de liberté spirituelle d’Hazrat Inayat Khan reconnaît la Vérité essentielle de toutes les religions et nous appelle à éveiller en nous notre héritage divin.
Par le biais d’histoires et de poèmes, par des exercices de méditation, Pir Zia nous transmet l’enseignement universel et oecuménique du soufisme.
Pir Zia est président de l’ordre soufi international. Il habite et enseigne à The Abode of the Message dans l’Etat de New York et il est l’éditeur du livre “A Pearl in Wine: Essays in the Life, Music and Sufism of Hazrat Inayat Khan” (Omega, 2001).
L’ordre soufi Inayatiyya
L’ordre Soufi Inayatiyya a ses racines dans la tradition universelle de la lignée des Chishti, originaire des Indes, et c’est Hazrat Inayat Khan qui l’introduisit en occident en 1910.
Cette tâche lui avait été confiée par son maître soufi Abou Hashim Madani. Comme il était le premier enseignant du Soufisme en Occident, il a essayé d’adapter l’héritage spirituel du Soufisme aux besoins de notre temps.
Hazrat Inayat Khan été l’un des premiers à parler d’une nouvelle conscience planétaire comme le stade à venir dans l’évolution spirituelle de l’humanité.
Plus tard dans sa vie il a parlé du Soufisme comme étant une mère qui donnerait naissance à un enfant, enfant qu’il a appellé le ” Message”, au-delà des noms et des étiquettes. Il croyait que le “Message” pourrait faciliter l’éveil de la conscience de l’humanité pour le divin intérieur, et apporter une vie nouvelle dans les actions humaines.
Hazrat Inayat Khan, né le 5 juillet 1882 à Baroda aux Indes, mourut à Delhi le 5 février 1927. En 1956, Pir Vilayat Inayat Khan prit la direction de l’ordre soufi.
L’ Inayatiyya offre des conférences, séminaires et retraites pour tous. C’est aussi une école ésotérique proposant une pratique individuelle qui permet une transformation personnelle. Son enseignement approfondit la compréhension de la vie.
Prière pour la paix
Envoie ta paix, O Seigneur,
qui est éternelle et parfaite, afin que nos âmes puisent irradier la paix.
Envoie ta paix, O Seigneur,
Pour que nous puissions penser, parler et agir harmonieusement.
Envoie ta paix, O Seigneur,
Afin que nous puissions être satisfaits et reconnaissants, de tes dons abondants.
Envoie ta paix, O Seigneur,
Afin qu’au milieu de nos conflits terrestres, nous puissions nous réjouir de ta bénédiction.
Envoie ta paix, O Seigneur,
Pour que nous puissions tout tolérer, tout endurer, dans la pensée de ta grâce et ta miséricorde.
Envoie ta paix, O Seigneur,
Afin que nos vies puissent se changer en une vision divine et que dans ta lumière, toute ombre puisse s’évanouir.
Envoie ta paix, O Seigneur,
Notre père et notre mère, afin que tes enfants sur la terre puissent tous s’unir en une seule famille.
Amen
Le dernier sermon (Khutbah) de Hazrat Khwaja Moinuddin Chishti
Huzoor Gharib Nawaz (1)
“Aimez tout le monde et n’ayez de haine pour personne.
Cela ne vous sert a rien de parler simplement de la paix.
Cela ne vous menera pas loin de parler simplement de Dieu et de religion.
Faites surgir toutes les forces latentes de votre etre et
decouvrez la splendeur totale de votre Etre Eternel.
Soyez plein de paix et de joie en abondance,
et repandez-les demandes que vous alliez et que vous vous trouviez.
Soyez un feu ardent de verite.
Soyez une fleur magnifique d’amour
et un baume calmant de paix.
Avec votre lumiere spirituelle, dissipez l’obscurite de l’ignorance.
Dispersez les nuages de discorde et de guerre, et
diffusez la comprehension, la paix et l’harmonie entre les etres.
Ne recherchez jamais de l’aide, du soutien ou des faveurs de personne,
sauf de Dieu.
N’allez pas aux cours des rois, mais ne refusez ni votre benediction
ni votre aide aux personnes dans le besoin, aux pauvres, aux veuves
et aux orphelins lorsqu’ils frappent a votre porte.
Votre mission est d’etre au service des gens.
Remplissez-la avec loyaute et courage
afin que moi, votre Pir-o-Murshid, je ne doive pas avoir honte de vos inperfections
devant Allah, le Tout-Puissant et devant nos saints predecesseurs (2)
dans notre ordre soufi, le jour du jugement.”
Consultez le site dedique a Hazrat Khwaja Moinuddin Chishti à Ajmer
Traduction/adaptation: Najma
1) Source: The final khutbah (sermon) of Khwaja Muinuddin Chisthi
(sur differents Websites de l’ordre Chishti).
Il s’agit du sermon (Khutbah), que le fondateur de l’ordre Chishti, Hazrat Khwaja Moinuddin Chishti a tenu a ses murids un mois avant sa mort. Hazrat Inayat Khan est relie a cette tradition du soufisme universel.
2) Les Shaykhs qui font partie de la Silsila, la chene de transmission de l’ordre.
Source: Handbuch für Murids, Band 2, Geschichte und Praxis des Universalen Sufismus. Herausgegeben vom Internationalen Sufi-Orden Deutschland.